20 juillet 2017

20-07-17 Ghost in the shell


Ghost in the shell,version 2017, et surtout, version américaine, souffre d'une incompréhension total du matériel original, de son potentiel filmique et métaphysique. Ce
qui, chez Masume Shirow, aurait déjà suscité trois notes de bas de pages. deviennent des effets, ici, simplement cosmétiques.
Le marionnettiste, d'abord terrifiant, devient un obscur objet du désir, voir un simple love interest de pacotille. Tout est dit sur cette filiation forcée et ridicule.
Oui, Ghost in the shell de Rupert Sanders est une belle coquille vide, comme cela a été dit un peu partout.
Allons un peu plus loin, et expliquons en quoi il s'agit d'un rendez-vous manqué.
Pour être bref, disons que l'impasse du film réside dans cette impossibilité structurelle, par essence hollywoodienne et logique d'investisseur, à se soustraire du corps de son interprète principale: Scarlet Johanson.
C'est le même problème que Stallone qui enlève son masque dans Judge Dredd.
Dans le film que Mamuro Oshii a tiré de l’œuvre du Shirow, le major Kusanagi hésite mais fini par abandonner son enveloppe pour se concentrer sur son essence identitaire: le ghost. Dans cette version américaine du récit, on parle de ghost à tout va mais le terme n'est jamais défini ou prescrit. Hors de question de laisser l'argument de vente (Scarlet Johanson) disparaître sous d'épairs effet numérique ou, pire encore, une abstraction scénaristique.
C'est d'autant plus dommage qu'il existait un vrai projet de métaphysique sur la condition du cinéma américain à grand spectacle. On découvre, in fine, que Major Scarlet Johanson a été Motoko Kusanagi dans son autre vie. Film dans le film: Ghost in the shell a lui aussi préexisté à Ghost in the shell. Dès lors, comment gagner une existence propre, à la fois distincte et dans la continuité de ce qui préexiste?
Le film, sur une formule du trop plein (la ville, toujours de nuit, rempli d'imagerie numérique), s'assèche et fini sur une image du vide (la ville, une fois encore, mais de jour et sans hologramme) au moment même où le personnage qu'incarne Johanson paye un hommage à ce qu'elle fut dans une autre vie.
Ghost in the shell, version 2017, réussit ce paradoxe de plus en plus commun qui est de décevoir alors qu'on en attendait rien. 



GHOST IN THE SHELL : imdb
Date de sortie: 29 mars 2017 (1h 47min)

Avec Scarlett Johansson, Pilou Asbæk, Takeshi Kitano
Synopsis et détails:

Dans un futur proche, le Major est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, le Major est la seule à pouvoir la combattre.