Okja est bouleversant, dénué de cynisme dans ses intentions.
Okja est superbe. Le plan final y est extraordinaire. Comme d'habitude chez le cinéaste.
Il faudrait dire à quel point les plans de fin chez Joon-ho dialoguent entre eux. Le cinéaste n’est jamais dans la redite, constamment dans l’évolution. Il ne cherche pas à être meilleur ou à faire mieux: il change simplement de position, constate, s’adapte et témoigne de son monde. Du tueur introuvable auquel il s’adresse dans Memories of Murder jusqu'à l’image épouvantables de l'abattoir final dans Okja en passant par la tristesse inconsolable d’une mère portant en elle la mémoire et le drame de sa nation toute entière dans Mother, l'inépuisable cinéaste varie les sujets et les genres, mais reste toujours aussi consistant, subtil et virulent.
Deux films viennent immédiatement dialoguer plus que les autres, avec Okja : The Host d’une part, dont le film se veut une sorte de continuité, où de double négatif peut être, et Snowpiercer, dont le montage financier compliqué à trouvé sa suite logique dans l’invitation Netflix.
A la fin de The Host, le drame a eu lieu, et on assiste éberlué à un retour à la normale, à une exception prés: une substitution a eu lieu. Rien d’artificiel ici, contrairement au collectif de trouille monté de toute pièce par Spielberg dans Les dents de la mer, l’une des références évidente travaillé par le film.
Cette substitution, cet échange, c’était une façon de dire, silencieusement, presque de façon allégorique que la douleur, la colère et le chagrin continuaient d’exister derrière l’unité apparente, indéfiniment.
Dans Snowpiercer, au contraire, et malgré l’apparente libération finale de ce train d’enfer, le véritable drame était en devenir, laissant cet enfant seul face à une nature verte belle et sauvage, mais terriblement intimidante et dangereuse, contre laquelle l’enfant ne ferait évidemment pas le poids.
Okja semble être dans cet entre-deux. On retrouve bien l’unité familiale de The Host, le drame dépassé, traversé (et quelle traversée finale bouleversante). Certains sacrifices ont eu lieu, en effet (que deviennent par exemple tous ces protagonistes du Front de libération des animaux, dont on imagine pour certains les os ou le crâne fracassé, leur destin funeste). Et si Okja semble si serein, c'est que, contrairement à The Host ou Snowpiercer, cette sérénité s'est acquise avec la conscience d'un monde extérieur effrayant, indigent, funeste. Dans the Host, c'était comme si, au contraire, les personnages avaient refusé, enterré cette conscience du monde qui les entoure. Avec Snowpiercer, cette conscience-là était encore loin d'être acquise.
Un ultime sursaut dans Okja, le temps de deviner un hors champs relatif au sauvetage héroïque et in extremis du film: le bébé super cochon cours après les poules. Même papy semble s’être désintoxiquer du culturalisme yankee. On peut retourner à nos bonnes assiettes sous l’œil central, encadré et attendri de la bête qui donne son nom au film lui-même. La boucle est bouclée : il aura fallu passer par Netflix, ce nouvel acteur indispensable de l’écran pour arriver à produire ce miracle extraordinaire, cette charge infatigable contre une idéologie mercantile de la consommation.
Si Okja est dénué de cynisme dans ses intentions, ce n'est pas le cas de ses personnages, des figurants aux antagonistes principaux, motivé par l'argent ou le culte de leur propre personnalité. Société mondiale, individualiste, construite sur le mensonge et la diffamie. Qui aurait voulu produire cette charge contre le système pro-américain ici, à Hollywood? Qui, aujourd'hui, à l'argent et le luxe de produire un tel film anti-système, sinon Netflix, eux-même au cœur d'une problématique qui touche à toutes les cinématographie, à tous les continents.
En reniant publiquement son statut de “films de cinéma”, certains acteurs du dernier festival de Cannes ont dû se retrouver un peu penaud une fois en face du film et devant une mise en scène aussi saine, aussi digne que celle d’Okja face au désastre. En témoigne ce paysage fantastique sur lequel vient discrètement s’inscrire le titre du film. Okja, si cela est à la fois le nom de la créature et en même temps le titre du film, n’est ce pas, justement, parce que la créature incarne elle même une certaine idée du cinéma, poussée ici et là, traînant son gros derrière, mais après laquelle la jeune héroïne (éblouissante) n’abandonne jamais, infatigable, d’essayer de la sauver, avec force et empathie. Que Bong Joon-ho se rassure : avec Okja et malgré les polémiques sur sa fabrication (un cinéma génétiquement modifié?), il a sauvé le cinéma mille fois plus que tous les autres films sorti depuis le début de l’année. Voir même depuis un peu plus longtemps.
Il y a encore mille et une chose à dire sur le film.
Mais on finira par dire un peu près ceci: OKJA est un film progressiste, novateur, anti-réactionnaire. C'est un film dur, incontournable et essentiel. Un très grand moment de cinéma, sans aucunes ombres sur l'écran.
Okja est superbe. Le plan final y est extraordinaire. Comme d'habitude chez le cinéaste.
Il faudrait dire à quel point les plans de fin chez Joon-ho dialoguent entre eux. Le cinéaste n’est jamais dans la redite, constamment dans l’évolution. Il ne cherche pas à être meilleur ou à faire mieux: il change simplement de position, constate, s’adapte et témoigne de son monde. Du tueur introuvable auquel il s’adresse dans Memories of Murder jusqu'à l’image épouvantables de l'abattoir final dans Okja en passant par la tristesse inconsolable d’une mère portant en elle la mémoire et le drame de sa nation toute entière dans Mother, l'inépuisable cinéaste varie les sujets et les genres, mais reste toujours aussi consistant, subtil et virulent.
Deux films viennent immédiatement dialoguer plus que les autres, avec Okja : The Host d’une part, dont le film se veut une sorte de continuité, où de double négatif peut être, et Snowpiercer, dont le montage financier compliqué à trouvé sa suite logique dans l’invitation Netflix.
A la fin de The Host, le drame a eu lieu, et on assiste éberlué à un retour à la normale, à une exception prés: une substitution a eu lieu. Rien d’artificiel ici, contrairement au collectif de trouille monté de toute pièce par Spielberg dans Les dents de la mer, l’une des références évidente travaillé par le film.
Cette substitution, cet échange, c’était une façon de dire, silencieusement, presque de façon allégorique que la douleur, la colère et le chagrin continuaient d’exister derrière l’unité apparente, indéfiniment.
Dans Snowpiercer, au contraire, et malgré l’apparente libération finale de ce train d’enfer, le véritable drame était en devenir, laissant cet enfant seul face à une nature verte belle et sauvage, mais terriblement intimidante et dangereuse, contre laquelle l’enfant ne ferait évidemment pas le poids.
Okja semble être dans cet entre-deux. On retrouve bien l’unité familiale de The Host, le drame dépassé, traversé (et quelle traversée finale bouleversante). Certains sacrifices ont eu lieu, en effet (que deviennent par exemple tous ces protagonistes du Front de libération des animaux, dont on imagine pour certains les os ou le crâne fracassé, leur destin funeste). Et si Okja semble si serein, c'est que, contrairement à The Host ou Snowpiercer, cette sérénité s'est acquise avec la conscience d'un monde extérieur effrayant, indigent, funeste. Dans the Host, c'était comme si, au contraire, les personnages avaient refusé, enterré cette conscience du monde qui les entoure. Avec Snowpiercer, cette conscience-là était encore loin d'être acquise.
Un ultime sursaut dans Okja, le temps de deviner un hors champs relatif au sauvetage héroïque et in extremis du film: le bébé super cochon cours après les poules. Même papy semble s’être désintoxiquer du culturalisme yankee. On peut retourner à nos bonnes assiettes sous l’œil central, encadré et attendri de la bête qui donne son nom au film lui-même. La boucle est bouclée : il aura fallu passer par Netflix, ce nouvel acteur indispensable de l’écran pour arriver à produire ce miracle extraordinaire, cette charge infatigable contre une idéologie mercantile de la consommation.
Si Okja est dénué de cynisme dans ses intentions, ce n'est pas le cas de ses personnages, des figurants aux antagonistes principaux, motivé par l'argent ou le culte de leur propre personnalité. Société mondiale, individualiste, construite sur le mensonge et la diffamie. Qui aurait voulu produire cette charge contre le système pro-américain ici, à Hollywood? Qui, aujourd'hui, à l'argent et le luxe de produire un tel film anti-système, sinon Netflix, eux-même au cœur d'une problématique qui touche à toutes les cinématographie, à tous les continents.
En reniant publiquement son statut de “films de cinéma”, certains acteurs du dernier festival de Cannes ont dû se retrouver un peu penaud une fois en face du film et devant une mise en scène aussi saine, aussi digne que celle d’Okja face au désastre. En témoigne ce paysage fantastique sur lequel vient discrètement s’inscrire le titre du film. Okja, si cela est à la fois le nom de la créature et en même temps le titre du film, n’est ce pas, justement, parce que la créature incarne elle même une certaine idée du cinéma, poussée ici et là, traînant son gros derrière, mais après laquelle la jeune héroïne (éblouissante) n’abandonne jamais, infatigable, d’essayer de la sauver, avec force et empathie. Que Bong Joon-ho se rassure : avec Okja et malgré les polémiques sur sa fabrication (un cinéma génétiquement modifié?), il a sauvé le cinéma mille fois plus que tous les autres films sorti depuis le début de l’année. Voir même depuis un peu plus longtemps.
Il y a encore mille et une chose à dire sur le film.
Mais on finira par dire un peu près ceci: OKJA est un film progressiste, novateur, anti-réactionnaire. C'est un film dur, incontournable et essentiel. Un très grand moment de cinéma, sans aucunes ombres sur l'écran.
OKJA: Imdb
Pendant dix
années idylliques, la jeune Mija s'est occupée sans relâche d'Okja, un
énorme animal au grand cœur, auquel elle a tenu compagnie au beau milieu
des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand une
multinationale familiale capture Okja et transporte l'animal jusqu'à New
York où Lucy Mirando, la directrice narcissique et égocentrique de
l'entreprise, a de grands projets pour le cher ami de la jeune fille.