Il y a, au milieu de Summer Wars, une ellipse qui, à elle seule, raconte toute la finesse et l'intelligence du projet de mise en scène du film: Kenji, le protagoniste principal du récit, en résidence malgré lui dans l'immense propriété familiale, chargée d'histoire (c'est peu de le dire) de sa prétendue "petite amie" (oui, je réalise que ça fait beaucoup de subtilité pour une seule phrase mais c'est là que réside justement toute la réussite du film), se voit en difficulté pour trouver le sommeil. Le temps d'un court instant, le cadre se confond avec son point de vue subjectif, nous montrant littéralement ce qui s'offre à son regard. Le temps d'un clignement des yeux, on découvre qu'une nuit s'est écoulée et que le récit, emmené a toute blingue par le chien (personnage d'arrière plan extraordinaire, toujours au-devant d'une péripétie importante) vient de tourner une page aussi importante qu'inattendue.
Il y a de nombreuses choses que l'on pourrait dire au sujet de la richesse d'écriture, de sa générosité, son accessibilité. Par exemple: la prolifération des personnages, dès l'introduction de la famille, qui peut faire peur et tendre vers l'abstraction ou l'anecdotique. Et pourtant, il faut le dire: chacun d'entre eux interviendra de façon souveraine au cours du récit, s'illustrant les uns par rapport aux autres, s'étoffant à tel point qu'à la fin du film, on se surprend à les connaître tous plus intimement, à les nommer par leur prénom ou leur fonction familiale. Summer Wars réussit cette prouesse de raconter, en 1h40, ce que le tout venant des séries U.S. actuel n'arrive plus à faire passer en 25 épisode.
Ce que l'on retiendra, en synthèse, de cette éblouissante réussite artistique, c'est l'humanisme du propos, la bienveillance vis à vis de l'époque, le refus du cynisme ambiant. Summer Wars est un antidote aux vieux cons réactionnaires et aux pro-trans-humanistes pré-pubères.
Summer Wars, non content d'être une leçon d'Histoire et d’optimisme, sans avoir a choisir ou l'un ou l'autre résolument, c'est surtout une leçon de cinéma, exemplaire, dont beaucoup de cinéaste contemporain, ou trop cynique ou trop sophistiqué (ou les deux même temps le plus souvent) devraient prendre pour exemple.
Si l'on a souvent perdu de vue, récemment, ce qui fait la spécificité du spectacle cinématographique. En tant que cinéphile passionné, je me réjouis de redécouvrir le temps de Summer Wars, que ce qui fait la finalité d'un tel spectacle, ce n'est pas tant le plaisir formel que son propos.
SUMMER WARS: imdb
Date de sortie 9 juin 2010 (1h 54min)
De Mamoru HosodaAvec Mitsuki Tanimura, Junko Fuji, Ayumu Saitô
De Mamoru HosodaAvec Mitsuki Tanimura, Junko Fuji, Ayumu Saitô
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